Une société propice à la perversion

La société actuelle ne place pas la lutte contre les pervers narcissiques parmi ses priorités, alors même que leur influence peut être profondément néfaste. Par certains de ses mécanismes, elle peut involontairement favoriser leur ascension et permettre de prospérer.

Ainsi, la perversion narcissique ne peut être réduite à un problème marginal : elle s’inscrit dans une dynamique sociale plus large

« Quand une communauté humaine sent s’agiter en elle une poussée de liberté [individuelle], cela peut répondre à un mouvement de révolte contre une injustice patente, devenir ainsi favorable à un nouveau progrès culturel et demeurer compatible avec lui. Mais cela peut être aussi l’effet de la persistance d’un reste de l’individualisme indompté et former alors la base de tendances hostiles à la civilisation. La poussée de liberté se dirige de ce fait contre certaines formes ou certaines exigences culturelles, ou bien même contre la civilisation. »

Sigmoud Freud

Malaise dans la civilisation

La société le terreau de la perversion narcissique

Christine Calonne « envisage comment la société patriarcale, dominée actuellement par l’économie, est le terreau de la perversion narcissique ».

Geneviève Schmit : « Actuellement, dans ce monde ou le rendement et l’efficacité sont les priorités, l’altérité est devenue la valeur au monde la moins bien partagée.
Nos sociétés, fondées essentiellement sur la rentabilité économique, ne sont plus suffisamment bienveillantes. Le quotidien nous abreuve de tous les manquements aux devoirs, au respect les plus fondamentaux et nous mènent inexorablement vers un état de crise où l’insécurité se retrouve jusque dans le noyau familial.

Les crises financières à répétition et la précarité ont favorisé le « chacun pour soi ».

La conscience et l’amour de l’autre ne sont plus aujourd’hui considérés comme des valeurs nobles. »

Déshumanisation de la société

Christine Calonne : « De plus en plus c’est le paraître au détriment de l’être qui est vraiment mis en valeur et donc ce paraître passe par la compétition entre les gens, et cette compétition est de plus en plus dure. Et donc cette compétition amène à vouloir écraser l’autre pour pouvoir survivre.

Donc cette promotion de la compétition à tout prix, cette promotion de la performance à tout prix entraine évidement a finalement se couper de ses capacités d’empathie de ses capacité à aimer et donc de plus en plus on voit une tendance à la déshumanisation de notre société et la déshumanisation fait qu’on est plus reliés les uns aux autres ; l’égocentrisme devient vraiment la valeur dominante et la quête du pouvoir et de l’argent… et donc tout ça va dans le sens du développement de la perversion narcissique. »  - (Extrait de vidéo youtube)

« On est en permanence, dans notre vie politique, rattrapé par les affaires comme on dit. Quelles qu’elles soient d’ailleurs, et quel que soit leur nom. Mais toutes ses affaires ne sont rien d’autre que le signe de la « perversisation » inouïe et extrême de notre système. Et ce qui fait que notre système est à ce point pervers, c’est très exactement cet écroulement, cet anéantissement, cet affadissement… et disons-le ; cette décadence. […]

Ce dont il est question c’est l’écroulement du social, du collectif, de la transcendance ; de l’idée que « moi je » passe après « nous ». Et tout ceci s’est opéré naturellement sous le fond d’écroulement de la société patriarcale. […] En même temps que la société patriarcale s’est écroulée, il y a eu une éclosion individuelle.

Chaque sujet voulant prendre une place en son nom, chaque parole ayant la même valeur que celle du copain ; Ce qui a donné lieu à ce que les psychanalystes ont appelés « une crise de la légitimité »»

La « perversisation » de la société

Un monde pervers

Boris Cyrulnik averti que consécutivement à une suite de publications de livres récentes aux Etat Unis (tel que « Alone in the crown » – Seul dans la foule ) « des neurologues très au courant de la neurologie, analysent que nous entrons dans un monde narcissique – c’est-à-dire un monde pervers qui « fait souffrir les autres au nom de "Ma jouissance" »

« Je travaille parfois à Tel-Aviv avec Shaul Harel (éminent neuropédiatre et survivant de la Shoa). Shaul travaille sur un groupe de 170 femmes enceinte israéliennes et palestiniennes qui consultent dans les hôpitaux israéliens. Toutes ses femmes sont stressées par les tensions politiques. Venus au monde tous leurs bébés avaient une diminution de l’épaisseur du lobe préfrontal : Leurs mères avaient été stressées par des situations politiques stressantes chroniques et l’enfant arrive au monde avec une modification cérébrale qui lui donnait une émotionnalité ingouvernable parce que sa mère avait été stressée par la politique du proche orient. Ces enfants ont des cours circuits mentaux et quand ils ne sont pas contents, ils passent directement à l’acte …et cela fournis la population des psychopathes »

Or, Boris Cyrulnik averti encore que « 50% de la population a connu un traumatisme grave dans sa vie » s’est à dire qu’une grande partie de la population souffre d’un choc psychologique.

Taux de pervers dans la population

« Dominique BARBIER, psychiatre, psychanalyste et expert près des tribunaux, nous apprend que « les pervers narcissiques représentent entre 3 et 15% de la population selon les enquêtes et les spécialistes ». »

Ainsi  pour se rendre compte de l'ampleur du phénomène même si l’on considère le taux minimal de 3%, et si l’on considère qu'en France il y a 33 élèves par classe, il y aurait en moyenne dans chaque classe un élève qui est/sera pervers narcissique !