Polémique autour de la « pleine conscience »
S’il existe une polémique terminologique, il n’y en a pas sur le fond.
Une confusion est née des traductions du terme anglais "mindfulness" en français. En anglais, "mindfulness" n'est pas directement lié à "consciousness" (la conscience globale, l’état d’éveil). Il désigne plutôt la capacité à porter une attention volontaire et ouverte à l’expérience du moment présent.
Cependant, le terme peut induire une mauvaise interprétation chez les débutants. On pourrait croire qu'il s'agit de devoir devenir pleinement conscient de tout : embrasser la totalité de ses pensées, émotions, sensations, et même de ses processus inconscients — une tâche inatteignable. Notre nature humaine fait que de nombreux phénomènes échappent inévitablement à l’observation immédiate. Il serait donc illusoire de croire qu'il est possible d'atteindre une conscience exhaustive.
Dans cette mécompréhension, on pourrait même imaginer qu’il faille entrer dans des boucles récursives (« je prends conscience que je prends conscience que… »), ce qui serait plus esclavagiste que libérateur et risquerait de nous faire perdre l’esprit !
Des références pour mieux comprendre :
1. Jon Kabat-Zinn (Full Catastrophe Living) : "Mindfulness means paying attention in a particular way: on purpose, in the present moment, and nonjudgmentally."
(« La pleine conscience signifie porter attention d'une certaine manière : intentionnellement, au moment présent, et sans jugement. »)
2. Fabrice Midal (Foutez-vous la paix !) : "Méditer, c’est se libérer de l’enfer de la 'pleine conscience' pour vivre enfin en 'pleine présence' avec l’entièreté de l’être, de nos sensations, de notre cœur, de notre souffle, en nous replaçant dans la chair même du monde."
3. Thich Nhat Hanh (The Miracle of Mindfulness ) : "Mindfulness is the energy that helps us recognize the conditions of happiness that are already present in our lives."
(« La pleine conscience est l'énergie qui nous aide à reconnaître les conditions du bonheur qui existent déjà dans notre vie. »)
(Source : / Le Miracle de la Pleine Conscience) Thich Nhat Hanh insiste donc sur l'énergie de présence, pas sur un état d'analyse mental.
4. Christophe André (Méditer, jour après jour) : "La pleine conscience est l'art de diriger délibérément son attention sur l'instant présent, de manière lucide et acceptante." Christophe André rappelle que c’est un art de vivre, pas une performance intérieure.
5. Bhikkhu Bodhi (The Noble Eightfold Path moine et traducteur du canon pali) sur le mot original "sati" : "Mindfulness means to remember to pay attention to what is occurring in the present moment."
(« La pleine conscience signifie se souvenir de porter attention à ce qui se produit dans l’instant présent. »)
(Bhikkhu Bodhi est un moine et traducteur du canon pali)
Malgré les nuances de vocabulaire, tous s'accordent sur l'essentiel :
La pleine conscience est une qualité d'attention ouverte, bienveillante et présente à "ce qui est", ce qui par nos sens se manifeste de manière simple et relâchée à notre conscience, non l'exigence impossible de tout conscientiser.
Le terme "pleine conscience" est resté, pour des raisons historiques et pratiques. Même ceux qui y sont réfractaire l’utilisent car il est porteur de l’idée de fond.
Le débutant est donc invité à rejoindre cette compréhension simple, sans tombé dans le piège qui consiste à prendre l’expression de manière littérale.
Consensus sur le fond


La véritable expérience de la pleine conscience réside dans un mouvement psychique d’une toute autre nature. Fabrice Midal vous le dit franchement : "Foutez-vous la paix !" (titre de son ouvrage), ce qui devrait parvenir a vous défaire de contraintes excessives.
Le concernant, sur la notion de pleine conscience il préfère l'expression de "pleine présence".