Distinction conceptuelle importante
Déni : rejet inconscient de la réalité perçue comme insupportable (il n’est pas consciemment reconnaissable).
Dénégation : forme verbale ou conceptuelle où le sujet nie consciemment quelque chose qu’il pourrait inconsciemment reconnaître (par ex., « je ne pense pas… » tout en manifestant l’idée).
Dans le cadre théorique psychanalytique, le déni est donc essentiellement inconscient, même si ses manifestations peuvent parfois sembler conscientes à un observateur extérieur.
Le déni comme défense archaïque et fondamentale
La psychanalyse considère le déni comme un mécanisme de défense primaire ou archaïque, présent dès les premières étapes du développement psychique, par exemple chez les enfants confrontés à des réalités trop angoissantes. Il protège contre une désorganisation psychique majeure en excluant de la conscience certains contenus menaçants. psychaanalyse.com
Anna Freud, dans sa classification des mécanismes de défense, place le déni parmi les défenses archaïques, souvent mobilisées avant des défenses plus élaborées comme l’intellectualisation ou la rationalisation. psychaanalyse.com
Une revue clinique souligne que le déni agit en excluant activement hors de l’attention consciente certaines informations, même si elles restent parfois accessibles de façon partielle (« demi-savoir ») — ce qui peut donner l’impression paradoxale que la personne “sait et ne sait pas à la fois”. Cairn STM
Fonction logique du déni chez le pervers narcissique
Chez la personnalité dite pervers narcissique (concept clinique utilisé dans la littérature psychologique et psychanalytique sur les personnalités pathologiques), le déni prend une forme particulièrement structurée :
Protection de l’image grandiose et du Centre identitaire
Le pervers narcissique a, par hypothèse clinique, une fragilité profonde du centre identitaire qui rend la confrontation à ses propres défauts, vulnérabilités ou erreurs psychiquement insupportable. Le déni protège cette structure interne déficiente en refusant d’intégrer toute réalité qui pourrait entrer en conflit avec l’image grandiose ou toute-puissante qu’il maintient inconsciemment. Le Pervers Narcissique
Déni de la différence d’autrui
Sur le plan intrapsychique, ce mécanisme s’appuie souvent sur une indifférenciation entre soi et l’autre, où la capacité à reconnaître l’altérité est altérée. Le déni ici ne se limite pas à refuser une perception objective, mais à nier la reconnaissance de l’autre comme sujet doté de sa propre réalité psychique. Ce mouvement est cohérent avec une dynamique clivée du sujet, où l’autre est réduit à un objet psychique manipulable. Institut Français de Psychanalyse
Déni et clivage : opérations complémentaires
Le clivage psychique (spaltung, division interne) et le déni sont deux opérations défensives qui fonctionnent souvent ensemble :
Clivage : séparation interne entre ce qui est tolérable et ce qui est intolérable, gestion des paradoxes internes.
Déni : exclusion inconsciente d’une réalité menaçante pour maintenir cette séparation.
Le Larousse et les sources psychanalytiques montrent que le déni implique bien la coexistence de représentations contradictoires dans le moi — réalité perçue et réalités niées — ce qui est une opération clivée. larousse.fr+1
Cette coopération des défenses permet au pervers narcissique de maintenir simultanément une image idéalisée de lui-même et de rejeter toute perception qui contredirait cette image, sans que cela soit conscient au niveau subjectif.
Déni : inconscient mais manifesté
Il ne faut pas réduire le déni à une absence totale de conscience ; il fonctionne plutôt comme un processus inconscient qui se manifeste parfois dans le discours ou le comportement. Un observateur peut alors percevoir ce refus de réalité comme un mensonge volontaire — mais, sur le plan psychanalytique, le sujet n’a pas conscience de nier : il ne reconnaît tout simplement pas la réalité qui le menace. psychaanalyse.com
Conclusion
Le déni, chez le pervers narcissique, ne se réduit pas à un simple refus de reconnaître des faits. Il est un mécanisme de défense profondément ancré dans l’organisation psychique, qui articule :
Protection contre l’expérience interne de vulnérabilité
Maintien d’une image interne grandiose ou cohérente
Refus de reconnaître l’altérité et les limites propres et externes
Interaction dynamique avec des défenses comme le clivage
Ce mécanisme fonctionne essentiellement hors de la conscience, même si ses effets peuvent apparaître comme des dénégations explicites dans le comportement ou le langage.
Le déni
chez le pervers narcissique
En psychanalyse, le déni (Verleugnung) est un mécanisme de défense psychique inconscient par lequel un individu refuse de reconnaître une réalité perçue comme trop menaçante ou douloureuse.
Cette exclusion de la réalité se fait sans savoir consciemment qu’on nie la réalité : ce n’est pas un mensonge volontaire mais un refus psychique automatique de tenir compte de faits, d’émotions ou de pensées qui menacent le maintien de l’équilibre interne.


Définition
Le Larousse précise que le déni opère par le clivage du moi, où coexistent deux courants contradictoires : un courant lié à la réalité telle qu’elle est perçue et un autre qui refuse cette réalité.
Clarification conceptuelle
Réponse directe à votre question :
Oui, le déni est par définition, en psychanalyse, un phénomène psychique essentiellement inconscient. Il n’est pas une stratégie consciente de mensonge mais une exclusion automatique de certaines réalités psychiques ou externes, qui protège contre une désorganisation interne. psychaanalyse.com

