Un « enfant roi » désigne, en psychologie, un enfant qui se comporte comme le centre du monde, supporte très mal la frustration et cherche à imposer sa volonté aux adultes comme aux autres enfants. Derrière cette image de « petit tyran », les cliniciens y voient surtout un fonctionnement psychique marqué par un excès de toute‑puissance et un manque d’intériorisation des limites, plutôt qu’un simple caprice passager.​

Fonctionnement psychique

Sur le plan psychodynamique, l’enfant roi reste coincé dans une logique de « principe de plaisir » : le désir doit être immédiatement satisfait, et le « non » est vécu comme insupportable, voire comme une attaque contre son identité. Le « principe de réalité » (capacité à différer, renoncer, négocier) est peu intériorisé, ce qui explique l’intolérance à la frustration, la colère, la manipulation ou les passages à l’acte lorsque ses attentes ne sont pas comblées.​

Traits et symptômes

Les descriptions cliniques convergent sur certains traits : égocentrisme marqué, besoin constant d’attention, revendications incessantes, refus des règles, difficultés à accepter la moindre contrainte. On observe souvent des colères fréquentes, des menaces, un chantage affectif ou une agressivité verbale et parfois physique, avec un sentiment de toute‑puissance et une insatisfaction quasi permanente.​

Origines relationnelles et éducatives

Les spécialistes soulignent que l’enfant roi n’est pas « né comme ça », mais se construit dans un contexte où les adultes peinent à poser des limites claires et cohérentes. Cela peut passer par une survalorisation de l’enfant, une écoute sans cadre, la peur de frustrer, ou une confusion entre bienveillance et absence d’autorité, laissant l’enfant sans repères stables pour réguler ses pulsions et ses émotions.​

Souffrance et enjeux pour le développement

Derrière l’apparente toute‑puissance, de nombreux auteurs insistent sur la grande fragilité de ces enfants : ne pas savoir tolérer la frustration les rend extrêmement vulnérables au réel, à l’échec scolaire, social et plus tard professionnel. Le risque est qu’ils restent enfermés dans une confusion entre fantasme et réalité, ce qui peut alimenter troubles du comportement, détresse affective, voire des pathologies plus lourdes à l’adolescence ou à l’âge adulte (dépression, conduites addictives, fonctionnement tyrannique).​

Du « roi » à l’adulte tyrannique

Plusieurs psychologues décrivent que, si rien ne vient structurer ce fonctionnement, l’enfant roi peut devenir un adulte qui rejette toujours toute limite, instrumentalise les autres et se vit comme le seul référent légitime. Le travail thérapeutique vise alors à renoncer aux fantasmes d’omnipotence, intégrer la loi symbolique et développer la capacité à supporter le manque, condition pour des relations plus égalitaires et une identité plus stable.​

« Cocooner un enfant, c'est le mettre en appauvrissement affectif. La mère trop protectrice pense que son enfant n'a le droit d'aimer qu'elle. Il y a des pères aussi dans ce cas. Ces mères sont amoureuses du petit être qu'elles mettent au monde. Les psychanalystes disent que pour ces femmes-là, mettre au monde un enfant, c'est un substitut phallique…

Une mère protectrice est émerveillée d'avoir mis au monde un enfant, et pense que sa valeur tient par cet enfant.

Elle va tout faire pour lui, il ne peut aimer personne d'autre qu'elle. C'est une prison affective, proche de l'appauvrissement affectif des enfants abandonnés. »

Boris Cyrulnik

Enfant roi

Un petit tyran en grande souffrance

L'enfant « roi » devient un adulte tyrannique

Enfant roi : comment y faire face ?

L'enfant roi

Lien avec l’origine de la perversion narcissique

Les situations d’« enfant roi » relèvent souvent d’une surprotection parentale qui prive l’enfant de limites, de frustration et d’altérité, éléments nécessaires à la construction du Moi (Winnicott, 1965 ; Bergeret, 1974). Dans certains contextes familiaux, cette surprotection prend la forme d’un lien narcissique fusionnel, décrit comme une dynamique pouvant fragiliser l’identité et préparer un fonctionnement défensif narcissique à l’âge adulte (Calonne, 2021 ; Kernberg, 1975).

Pour une analyse complète des mécanismes développementaux et familiaux impliqués, voir la page : Les origines de la perversion narcissique.