Une méthode psychocorporelle centrée sur le renforcement des structures de l'être humain
Principe fondamental de la sophrologie


Le fonctionnement psychocorporel repose sur deux catégories d’éléments qu’il est utile de distinguer :
les contenus : pensées, émotions, réactions et manifestations du symptôme ;
les structures : respiration, régulation émotionnelle, perception corporelle, attention, stabilité interne, qui organisent et modulent ces contenus.
Lorsqu’une personne consulte, ce sont les contenus qui attirent l'attention en premier : anxiété, tensions, troubles du sommeil, ruminations, fatigue, agitation, addiction, etc.
Or le symptôme ne constitue souvent qu’une manifestation visible d’une fragilité intérieure ou d’un conflit sous-jacent. Le faire disparaître sans en traiter la cause revient à masquer le problème plutôt qu’à le résoudre : la tension psychique à l’origine du symptôme cherchera alors un autre moyen de s’exprimer, parfois sous une forme différente, comme le passage d’une addiction à une autre.
Sur ce point la sophrologie se distingue de nombreuses approches thérapeutiques.
En effet, le travail du sophrologue consiste non pas à agir directement sur ces contenus symptomatiques , mais à utiliser leur description pour orienter l’action de l'entraînement sophrologique sur les structures qui les influencent.
L’intervention porte ainsi sur le renforcement des capacités internes qui, une fois stabilisées, entraînent une amélioration des contenus symptomatiques tout en consolidant plus globalement l’équilibre psychocorporel de la personne.
Ainsi, ce type d’intervention ne vise pas uniquement à réduire un trouble : il renforce les mécanismes qui permettent une régulation durable.
Considérations préalables
Lecture en lien
Qu'est ce que la notion de "structures" ?


Une pratique centrée sur les capacités et non sur la pathologie
De nombreuses méthodes cliniques partent du trouble pour en analyser l’origine ou pour modifier un comportement ciblé.
La sophrologie, elle, pose une autre question : comment renforcer ce qui permet à l’être humain de s’autoréguler, de se stabiliser et de s’adapter ?
Cette orientation est cohérente avec la définition contemporaine de la santé mentale :
« La santé mentale n’est pas seulement l’absence de trouble ; elle inclut la capacité de faire face au stress normal de la vie, de travailler de manière productive et de contribuer à la communauté. »
(WHO, 2004, Promoting Mental Health)
Plutôt que de chercher d’abord des causes « internes » ou « historiques » à un malaise, la sophrologie renforce des compétences psychocorporelles observables : respiration, perception du corps, capacité d’attention, capacité à revenir au présent, modulation du niveau d’activation physiologique.
Renforcer les structures plutôt que traiter les contenus
Comme expliqué en introduction la sophrologie intervient surtout sur les structures de l'être humains.
Elle n’analyse pas les contenus psychiques (traumatismes, conflits internes, etc.). Elle cherche à solidifier les mécanismes qui permettent de les accueillir, de les traverser ou de les transformer.
C’est une logique comparable à celle observée dans les sciences cognitives : une modification des capacités attentionnelles ou corporelles modifie indirectement les contenus mentaux (Kabat-Zinn, 1990 ; Lutz et al., 2008).
Exemples concrets :
Améliorer la régulation respiratoire réduit l’intensité physiologique de l’anxiété, ce qui diminue les ruminations associées.
Stabiliser l’attention réduit la dérive cognitive et les spirales mentales négatives.
Renforcer la perception corporelle améliore la reconnaissance des émotions et évite les réactions automatiques.
La plasticité cérébrale comme base scientifique du changement
La sophrologie s’appuie sur un phénomène bien documenté : la plasticité cérébrale.
Le cerveau se modifie en fonction de l’entraînement et de l’expérience. Ce principe est confirmé par plusieurs décennies de travaux en neurosciences (Kolb & Gibb, 2011).
Les entraînements réguliers qui composent une séance de sophrologie — respiration lente, centration corporelle, attention focalisée, imagerie mentale contrôlée — activent des systèmes neurophysiologiques liés à :
la régulation émotionnelle,
la modulation du stress,
l’attention,
la perception corporelle (interoception).
Ces pratiques répétées renforcent ainsi des compétences fonctionnelles qui soutiennent l’équilibre psychologique.
Rectifier des fragilités adaptatives
De nombreuses difficultés psychiques proviennent non d’un « contenu problématique » mais d’un dysfonctionnement adaptatif :
hypervigilance, tension chronique, incapacité à se détendre, évitement émotionnel, déconnexion du corps, rigidité cognitive.
La sophrologie vise à corriger précisément ces fragilités par un entraînement progressif.
Dans ce cadre, elle peut agir comme une pratique prophylactique : renforcer des capacités avant que des troubles ne s’installent, de la même manière que l’activité physique prévient des maladies sans traiter un organe spécifique (ACSM, 2021).
Des effets sur les contenus psychiques par le biais des structures
Même si la sophrologie ne travaille pas sur l’analyse des contenus, elle peut améliorer certains troubles parce qu’elle transforme les mécanismes qui les soutiennent.
Exemples vérifiables :
Une personne anxieuse qui apprend à réguler sa respiration et son activation physiologique voit diminuer ses ruminations (Jerath et al., 2015).
Une personne en perte d’énergie qui retrouve une perception corporelle plus stable observe souvent une amélioration de l’humeur.
Une personne sujette aux réveils nocturnes qui apprend à moduler le tonus musculaire et le rythme respiratoire peut retrouver un sommeil stable (Streeter et al., 2012).
Ces effets ne dépendent pas d’une analyse des causes mais d’une modification des capacités de régulation.
Un positionnement distinct dans le paysage des approches d’accompagnement
La psychanalyse explore l’histoire du sujet et les conflits inconscients.
La psychologie clinique identifie des symptômes, des mécanismes cognitifs ou émotionnels, et les traite directement.
La sophrologie se situe ailleurs :
elle propose une pratique active, structurée, orientée vers l’amélioration des capacités internes qui soutiennent le fonctionnement psychique.
Elle ne remplace pas les approches analytiques ou psychothérapeutiques lorsqu’un trouble nécessite un traitement spécifique.
Elle constitue un complément utile lorsque l’objectif est :
de renforcer l’autonomie,
d’améliorer la capacité d’adaptation,
de stabiliser l’équilibre psychocorporel,
de prévenir l’apparition d’autres troubles.
Son efficacité provient du fait qu’elle renforce les structures qui permettent à l’être humain de se réguler.
Conclusion : une méthode de développement des capacités et un outil prophylactique
La sophrologie n’est pas uniquement un moyen de réduire un symptôme existant.
Elle est avant tout une méthode d’entraînement et de développement des capacités internes, fondée sur des mécanismes physiologiques observables et sur des principes éprouvés d’apprentissage.
En renforçant les structures psychocorporelles, elle permet :
une meilleure adaptation,
une plus grande stabilité émotionnelle,
une autonomie croissante,
une diminution naturelle de certains contenus problématiques,
une prévention des troubles futurs.
Sources vérifiables
WHO (2004). Promoting Mental Health: Concepts, Emerging Evidence, Practice.
Kolb, B., & Gibb, R. (2011). Brain plasticity and behaviour. Annual Review of Psychology, 62, 235–260.
Lutz, A., Slagter, H., Dunne, J., Davidson, R. (2008). Attention regulation and monitoring in meditation. Trends in Cognitive Sciences.
Kabat-Zinn, J. (1990). Full Catastrophe Living.
Jerath, R., Beveridge, C., Barnes, V. (2015). Self-regulation through breathing. Frontiers in Psychology.
Streeter, C. et al. (2012). Effects of yoga and respiration on the autonomic nervous system. Journal of Alternative and Complementary Medicine.
American College of Sports Medicine (2021). ACSM Guidelines for Exercise Testing and Prescription.

